Fort de seize ans d’expérience dans le vignoble bergeracois, Laurent Colombier, conseiller viticole auprès de l’entreprise de fournitures Vitivista, a dressé le bilan devant une trentaine de vignerons, ce jeudi 9 novembre, depuis le lycée agricole de La Brie à Monbazillac.
« Du jamais vu, constate-t-il. Les premiers symptômes sont apparus dès le mois de mai. Le mois de juillet a été marqué par des pluies d’orage le soir et une chaleur très importante la journée. » En juin, des rosées ruisselantes ont aussi renforcé le phénomène, avec des volumes d’eau équivalant à des précipitations. « La situation est très hétérogène selon les secteurs, tout dépend des terroirs - s’il s’agit de sols argileux ou non par exemple - et des surfaces. »
Jusqu’à 90 % de perte en bio
En dépit des traitements, le mildiou a provoqué d’importants dégâts. Comme 30 % des viticulteurs du Bergeracois, Anthony Castaing est labellisé bio, à Pomport. Il témoigne : « On a perdu entre 70 et 90 % de nos récoltes de merlot. On a plus souffert qu’en conventionnel parce qu’on a moins de solutions techniques. »
Pour lui, c’est tout le paradoxe : avec le réchauffement climatique, les pratiques vertueuses deviennent de plus en plus coûteuses. Et même si Laurent Colombier assure qu’il n’y a « pas de solution meilleure que les autres », le vigneron attend plus de soutien des pouvoirs publics.
Les vins blancs s’en sortent bien
Anthony Castaing positive toutefois : « On a eu de belles récoltes de sémillon. » En effet, si les cépages rouges, en particulier le merlot, ont beaucoup souffert, les blancs ont bien résisté, avec des notes moelleuses et aromatiques.