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Journal Sud-Ouest: Millésime 2023 en Bergeracois : à cause d’un climat « tropical », le mildiou n’a jamais autant ravagé les vignes

Les vignerons bergeracois se sont réunis ce jeudi 9 novembre, à Monbazillac, pour dresser le bilan du millésime 2023. Dans certaines parcelles, le micro-organisme à mi-chemin entre l’algue et le champignon a détruit près de 90 % des récoltes

« Un climat tropical » responsable de tous les maux dans la vigne. L’explosion spectaculaire du mildiou, cette maladie causée par un micro-organisme à mi-chemin entre l’algue et le champignon, a marqué le millésime 2023 en Dordogne.

Fort de seize ans d’expérience dans le vignoble bergeracois, Laurent Colombier, conseiller viticole auprès de l’entreprise de fournitures Vitivista, a dressé le bilan devant une trentaine de vignerons, ce jeudi 9 novembre, depuis le lycée agricole de La Brie à Monbazillac.

« Du jamais vu, constate-t-il. Les premiers symptômes sont apparus dès le mois de mai. Le mois de juillet a été marqué par des pluies d’orage le soir et une chaleur très importante la journée. » En juin, des rosées ruisselantes ont aussi renforcé le phénomène, avec des volumes d’eau équivalant à des précipitations. « La situation est très hétérogène selon les secteurs, tout dépend des terroirs - s’il s’agit de sols argileux ou non par exemple - et des surfaces. »

Jusqu’à 90 % de perte en bio

En dépit des traitements, le mildiou a provoqué d’importants dégâts. Comme 30 % des viticulteurs du Bergeracois, Anthony Castaing est labellisé bio, à Pomport. Il témoigne : « On a perdu entre 70 et 90 % de nos récoltes de merlot. On a plus souffert qu’en conventionnel parce qu’on a moins de solutions techniques. »

Pour lui, c’est tout le paradoxe : avec le réchauffement climatique, les pratiques vertueuses deviennent de plus en plus coûteuses. Et même si Laurent Colombier assure qu’il n’y a « pas de solution meilleure que les autres », le vigneron attend plus de soutien des pouvoirs publics.

Les vins blancs s’en sortent bien

Anthony Castaing positive toutefois : « On a eu de belles récoltes de sémillon. » En effet, si les cépages rouges, en particulier le merlot, ont beaucoup souffert, les blancs ont bien résisté, avec des notes moelleuses et aromatiques.